GDDE (Groupe Départemental des Directeurs d’Ecole) : la DASEN se dédouane de ses responsabilités

Vendredi 26 septembre : 1re réunion de l’année. Ces groupes de travail GDDE ont été mis en place initialement pour penser un allègement des tâches de direction suite au drame de Christine Renon en 2019. Petit comité composé de la DASEN, l’A-DASEN (IEN-A), le référent directeur, 10 directeurs et 3 représentants des personnels (1 FO, 1 FSU, 1 UNSA). Plus de détails de fonctionnement ICI.

En introduction de réunion, la DASEN invite les directeurs à faire un point de situation : ils répètent tous que la fatigue et les tensions n’ont pas attendu la 3eme semaine d’école pour toucher les directeurs comme les adjoints, et jugent cela anormal. Le rythme de ce mois de septembre ( liste longue d’injonctions de toute part) a déjà mis les collègues sur les rotules

Quelques citations : “On est tous sous l’eau!” – “Nous sommes perdus entre la classe et la direction et souvent l’évaluation d’école” – “tous dépassés (réunions, concertations RASED, webinaires, évals nationales, intranet trop compliqué)”. Etc.

Commentaire FO : en 6 ans de GDDE le bilan est consternant ! Les conditions de travail des équipes se sont dégradé fortement à cause des réformes successives et revalorisations insuffisantes du métier : loi Rilhac, gel du point d’indice, inclusion à marche forcée, … Faut-il s’étonner dans ce contexte qu’autant de collègues inscrits sur la LADE ne veuillent plus être sur des postes de direction, qu’autant postes de direction restent vacants après le mouvement au point de devoir mettre en place des multidirections (lire ici)? Mais alors à quoi sert le GDDE ?

Les directeurs s’expriment depuis des années à travers ce GDDE sans pour autant être entendus : comme le dit l’un d’eux en off “on a l’impression de pisser dans un violon“. Cela s’appelle la canalisation afin d’éviter toute colère ou débordement en évinçant tout recours aux instances statutaires. Les demandes formulées ne toruvent pas de réponse ou “c’est pas nous c’est le Ministère” : à quoi servent des GDDE si rien n’est remonté au Ministère, ou qu’il n’en tient pas compte. Une seule intervention suffit à résumer le désarroi d’un directeur : “Le pilotage pédagogique, on a l’impression que c’est à géométrie variable. On doit collecter les besoins du terrain puis faire appliquer des consignes hyper descendantes qui ne correspondent pas.”

Commentaire FO : Voilà la merveille de la loi Rilhac ! Les directeurs sont pris en étau entre les consignes et les équipes, ils deviennent des fusibles. Inacceptable pour FO, nous demandons toujours le retrait de la loi Rilhac ! Lire ici l’article sur le référentiel métier directeur.
Le GDDE sert de paratonnerre de l’administration, un outil pour se donner bonne conscience et faire croire qu’on a consulté avant de faire passer les contre-réformes.

Détails de la réunion :

La DASEN reconnaît qu’elle a connaissance de toutes les problématiquesévoquées en préambule par les directeurs présents. Est-elle venue proposer des solution? Pas du tout!!

Les directeurs soulignent la charge de travail qui augmente chaque année davantage :

  • supression des 9h d’allègement d’animation pédagogique : “il faut bien former aussi les directeurs” explique la DASEN.
  • des évaluations nationales (calendrier trop serré, demande de souplesse) : la DASEN souligne le côté intéressant des évaluations mais le calendrier est national (donc elle ne peut rien faire). Aucun mot concernant la saisie robotique et aliénante que tous doivent faire.
  • des équipes se sentant seules faces aux diverses injonctions : la DASEN invite les équipes à ne pas rester isolées, il faut appeler la circo (donc pas elle) : les CPC, les membres du RASED pour faire passer les évaluations nationales, aider à la saisie… Doit-on rappeler que l’enveloppe des frais est plus que maigre? Doit-on rappeler que les CPC et RASED sont déjà sur des missions dès la rentrée?
  • seulement 36 services civiques recrutés (contre 120 l’année dernière) pour 32 écoles sur 5 circos!! Ce faible nombre est signé par le recteur (ce n’est pas de son fait). Les directeurs seront donc dans la situation décrite en préambule : dérangés par le téléphone ou le portail pendant leur classe, sans aide administrative…
  • d’un Intranet complètement modifié faisant cliquer 10 fois contre 3 précédemment pour la même procédure, étant toujours difficilement accessible sur téléphone. La DASEN rassure tout le monde… en répondant qu’elle n’est pas responsable, mais que tout le monde s’habituera !
    D’ailleurs les directeurs indiquent que One (7€ par élève!) ou Educartable (15€ par classe) sont bien plus pratiques à l’instar de ProNote en collège ; ils demandent un outil institutionnel. La DASEN précise que c’est la collectivité territoriale qui fournit ce service et donc ce n’est pas dans ses mains.
  • d’injonctions comme le plan Filles & Maths. Rappelons que par mail en date du 11 juillet (pendant les vacances!) puis à la pré-rentrée, le ministère demandait aux directeurs de former leur équipe avant le 15 septembre. La DASEN reconnaît la position délicate de mettre une information à ce moment mais la consigne est nationale elle n’y peut rien… ; elle souligne le caractère important et urgent de “transformer les conseils des maîtres en petits temps de réflexion” avec les nouveaux outils manageriaux proposés.

La DASEN résume tous ces points en disant que l’alourdissement des tâches est dû au contexte politique et géopolitique ( ce n’est toujours pas de son fait) : une phrase vide de sens. Enchaînant : “Les directeurs doivent inviter les adjoints à investir des missions de direction. Le rôle du directeur est de faire monter en compétence ses adjoints”. La salle rit pour plusieurs raisons : certains croient à une bonne blague sur fond d’ironie, d’autres se revoient dire “ah non surtout pas, ne passe pas directeur, j’ai plus de vie depuis des années”, d’autres se disent “mais on nous prend vraiment pour des idiots”.

Cette dernière analyse semble tellement plausible afin de faire sentir aux directeurs cette fameuse autorité fonctionnelle, plébiscitée par certains. On a bien demandé aux directeurs de donner une formation à la rentrée sous couvert de “pilotage pédagogique”, et chacun comprend que cela est amené à se répéter à l’avenir ! “Le pilotage pédagogique” est le nouveau terme fourre tout pour permettre d’exploiter les directeur jusqu’à la corde, en niant la réalité réglementaire et leurs réelles obligations de service.

A toute les demandes même réponse : la consigne venant du ministère, la DASEN n’a pu octroyé aucune souplesse pour les directeurs , ce n’est pas sa faute.

FO RAPPELLE que les directeurs.trices d’école sont des PE et qu’il ne figure pas dans leurs obligations réglementaires de services :

  • de répondre et renseigner les diverses enquêtes (tableaux des sorties scolaires, enquêtes ou sondages multiples) ;
  • de piloter et même de participer aux évaluations d’école ou aux constellations (plan math/français) ;
  • d’organiser « l’auto remplacement » ;
  • de participer aux conseils école-collège ;
  • de participer aux réunions de directeurs avec les IEN ;
  • de participer à une quelconque réunion en dehors du temps de classe ;
  • d’organiser un exercice PPMS avant les vacances de la Toussaint ;
  • de saisir les résultats des élections au conseil d’école sur ARENA ;
  • d’animer « une séance de sensibilisation aux stéréotypes de genre, d’une durée de 2h » ;
  • d’accompagner les équipes éducatives « à la construction d’une politique du numérique au sein de chaque école et mettre en œuvre les mesures de régulation attendues » ;
  • de « piloter » la mise en œuvre du « programme d’éducation à la vie affective et relationnelle ».

Le decret de 89 sur les missions des directeurs est toujours valable : notamment, nul ne peut être contraint d’accepter à titre définitif ou provisoire des missions de directions (en cas d’arrêt maladie du directeur ou de poste vacant sur l’école).